Le Kef
Le Kef | |
Héraldique |
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Kasbah dominant Le Kef. | |
Administration | |
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Pays | Tunisie |
Gouvernorat | Le Kef |
Délégation(s) | Kef Est Kef Ouest |
Code postal | 7100 |
Démographie | |
Gentilé | Keffois |
Population | 54 690 hab. (2014[1]) |
Géographie | |
Coordonnées | 36° 11′ 10″ nord, 8° 42′ 00″ est |
Altitude | 627 m |
Localisation | |
Liens | |
Site web | www.commune-elkef.gov.tn |
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Le Kef (arabe : الكاف Écouter [ɪl'kɛːf]) est une ville du Nord-Ouest de la Tunisie et le chef-lieu du gouvernorat du même nom.
Située au nord-ouest du pays, à 175 kilomètres à l'ouest de Tunis et à une quarantaine de kilomètres à l'est de la frontière tuniso-algérienne, elle compte 54 690 habitants en 2014[1].
Le saint patron du Kef est Sidi Bou Makhlouf qui a donné son nom à un mausolée de la ville.
Étymologie
[modifier | modifier le code]Connue tout d'abord sous le nom de Sicca à l'époque carthaginoise puis Sicca Veneria à l'avénement de la domination romaine[2], la ville a ensuite porté divers noms tout au long de son histoire : Colonia Julia Cirta, Cirta Nova, Sikka Beneria, Chaqbanariya et enfin Le Kef dès le XVIe siècle. De nombreuses ruines romaines sont toujours présentes au Kef[3], pour indiquer la richesse historique de cette ville.
Géographie
[modifier | modifier le code]Grande ville la plus élevée de Tunisie, à 627 mètres d'altitude[4], sa superficie urbanisée atteint 2 500 hectares dont 45 sont situés à l'intérieur des anciens remparts de la médina.
Situation
[modifier | modifier le code]Le territoire de la ville du Kef est délimité par Nebeur au nord, Touiref au nord-ouest, Dahmani, Tajerouine et Le Sers au sud, Sakiet Sidi Youssef à l'ouest et le gouvernorat de Siliana à l'est[5].
Administration
[modifier | modifier le code]La municipalité du Kef est répartie sur le territoire de deux délégations, Kef Est et Kef Ouest, qui correspondent aux deux arrondissements municipaux. Elle est aussi le chef-lieu du gouvernorat du Kef, divisé en onze délégations, douze municipalités, neuf conseils ruraux et 87 imadas.
Climat
[modifier | modifier le code]Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 2,8 | 2,9 | 4,8 | 7,1 | 11,2 | 15,3 | 17,9 | 18,3 | 16 | 12,1 | 7,1 | 4 | 9,96 |
Température maximale moyenne (°C) | 13,1 | 14,4 | 17,5 | 20,7 | 26,6 | 31,9 | 35,4 | 35,3 | 30,1 | 25,2 | 18,5 | 14,3 | 23,58 |
Ensoleillement (h) | 163,6 | 171,9 | 216 | 224,9 | 276,6 | 307,8 | 348,5 | 305,7 | 240,9 | 216,9 | 174,9 | 151,2 | 250,51 |
Précipitations (mm) | 57,9 | 38,6 | 46,8 | 48,2 | 43,2 | 24,6 | 7,5 | 17,1 | 39 | 35,8 | 43,2 | 52,1 | 454 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
13,1 2,8 57,9 | 14,4 2,9 38,6 | 17,5 4,8 46,8 | 20,7 7,1 48,2 | 26,6 11,2 43,2 | 31,9 15,3 24,6 | 35,4 17,9 7,5 | 35,3 18,3 17,1 | 30,1 16 39 | 25,2 12,1 35,8 | 18,5 7,1 43,2 | 14,3 4 52,1 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
Histoire
[modifier | modifier le code]Anciennement appelée Colonia Iulia Veneria Cirta Nova Sicca, elle fait l'objet de discussions entre historiens en tant que localisation potentielle de la capitale de la Numidie évoquée par Salluste dans son Bellum Jugurthinum[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14], l'autre hypothèse étant la ville de Constantine en Algérie. Cette controverse est connue sous le nom de problème de Cirta.
En 688, la ville connaît un premier raid des armées arabes.
En 1600, un premier fort est construit pour abriter à partir de 1637 une garnison permanente (oujaq) ; le dispositif est complété par des remparts fortifiés édifiés par Ali Ier Pacha vers 1739-1740[15]. Ceci n'empêche toutefois pas la prise et le pillage de la cité par les Algériens en 1756, ni l'occupation militaire française à partir de 1881. Par le décret beylical du , Le Kef est érigé en municipalité, l'une des premières du pays[16].
En 1973, la ville accueille un sommet entre les présidents tunisien Habib Bourguiba et algérien Houari Boumédiène ; ce dernier propose la constitution d'une union tuniso-algérienne que Bourguiba décline en mettant en avant le développement de la coopération économique entre les deux pays[17].
-
Ruines de bains romains au pied de la kasbah.
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Gravure montrant Le Kef vers 1841.
-
Autre gravure montrant la ville vers 1886.
-
Fort du Kef (XVIIe-XVIIIe s.).
Démographie
[modifier | modifier le code]Évolution
[modifier | modifier le code]Pyramide des âges
[modifier | modifier le code]Édifices religieux
[modifier | modifier le code]Islam
[modifier | modifier le code]Le Kef abrite un certain nombre d'édifices religieux musulmans, du fait de son rôle comme centre d'un important mouvement soufi. Symbole de ce courant, le mausolée Sidi Bou Makhlouf abrite le tombeau du fondateur de la confrérie des Aïssawa en Tunisie, Sidi Bou Makhlouf. La mosquée El Qadriya est aussi un autre édifice d'importance.
La mosquée Jama el Kébir, dédiée à Sidna Aïssa[20], construite au VIIIe siècle sur le site d'une basilique du IVe siècle, sert de cadre au Festival Bou Makhlouf.
La ville abrite le mausolée d'Ali Turki, le père d'Hussein Ier Bey, fondateur de la dynastie qui règne sur la Tunisie entre 1705 et 1957.
Judaïsme
[modifier | modifier le code]Héritage de l'ancienne communauté juive locale, la synagogue de la Ghriba fait l'objet d'une grande vénération pour les Juifs de la région qui s'y rendaient en pèlerinage chaque année dans la semaine marquée par la fête de Souccot.
Catholicisme
[modifier | modifier le code]Par ailleurs, les vestiges, assez bien conservés, d'une basilique romaine à trois nefs datant du début du Ve siècle appelée Dar El Kous, dédiée à saint Pierre, ont été retrouvés[21],[22].
Culture
[modifier | modifier le code]Musées
[modifier | modifier le code]Le musée des Arts et Traditions populaires du Kef, abrité par un mausolée édifié au XVIIIe siècle, présente des collections retraçant les habitudes et coutumes sociales ayant cours avant l'indépendance du pays.
Musique
[modifier | modifier le code]La ville du Kef est connue pour son patrimoine culturel riche et se distingue notamment dans la musique et les chants populaires. C'est dans ce contexte que le Festival Bou Makhlouf est organisé chaque année, au mois de juillet, et le Festival Saliha, une fois tous les deux ans ; ce dernier tire son nom de la chanteuse Saliha originaire de la région.
Fêtes
[modifier | modifier le code]La fête de Mayou, appelée aussi fête du borzgane, remet au goût du jour le traditionnel couscous keffois. Seule la ville continue de perpétuer cette tradition dans le respect d'un rituel millénaire.
Arts du spectacle
[modifier | modifier le code]Siège du Centre national des arts dramatiques et scéniques du Kef, la cité organise aussi le festival « 24 heures de théâtre non-stop ».
Médias
[modifier | modifier le code]Radio Le Kef, la radio régionale fondée le , couvre le nord-ouest du pays.
Enseignement
[modifier | modifier le code]- Écoles et instituts :
- Institut supérieur des études appliquées en humanités du Kef
- Institut supérieur de musique et de théâtre du Kef
- Institut supérieur de l'informatique du Kef
- Facultés :
- Institut supérieur de l'éducation physique du Kef
- École supérieure d'agriculture du Kef
- Institut supérieur des sciences infirmières du Kef
Gastronomie
[modifier | modifier le code]La gastronomie du Kef se différencie par deux préparations spécifiques à la région. D'une part, un pain typique de la région, le mjamaa ou khobz el aid, se prépare en période de fête, surmonté d'un œuf et décoré avec de la pâte. D'autre part, le borzgane (bourzguène) est un type de couscous légèrement sucré car agrémenté en alternance de couches de fruits secs, de dattes et de viande d'agneau.
Politique
[modifier | modifier le code]Conseil municipal
[modifier | modifier le code]Le Conseil municipal se compose de 22 membres dont un président, un vice-président, un président d'arrondissement, six adjoints et treize conseillers. Le , une délégation spéciale remplace temporairement le Conseil municipal à la suite de la révolution tunisienne[23].
Élections municipales de 2018
[modifier | modifier le code]Ville | Ennahdha | Nidaa Tounes | Courant démocrate | Front populaire | Autres partis | Listes indépendantes | Total | Maire élu |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Le Kef | 5 | 9 | 0 | 4 | 1 | 11 | 30 | Omar Ghidaoui |
Économie
[modifier | modifier le code]Transports
[modifier | modifier le code]La Société régionale de transport du Kef est la seule société offrant un service de transport en commun par autobus. La ville est reliée aux villes environnantes par un réseau de taxis appelés « louages » et à la capitale Tunis via une ligne de chemin de fer régionale passant par Dahmani.
Sport
[modifier | modifier le code]Sur le plan sportif, l'Olympique du Kef, club de football de la ville fondé en 1922, évolue durant la saison 2012-2013 en Ligue I, marquant ainsi la cinquième ascension de l'histoire du club. L'Institut supérieur du sport et de l'éducation physique du Kef évolue quant à lui dans le championnat de Tunisie féminin de football alors que l'Avenir sportif keffois de Barnoussa évolue en première division du championnat amateur (Ligue du Nord-Ouest).
Relations internationales
[modifier | modifier le code]- Bourg-en-Bresse (France) depuis 1993, scellé officiellement en 1999 et 2000 avec la signature d'un protocole d'échange et d'amitié[25]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (ar) [PDF] Recensement de 2014 (Institut national de la statistique).
- (en) Trudy Ring, Robert M. Salkin et Sharon La Boda, International Dictionary of Historic Places: Middle East and Africa, éd. Taylor & Francis, Londres, 1996, p. 456.
- Émile Espérandieu, Notes sur quelques ruines romaines de la subdivision du Kef (Tunisie), éd. Louis Larguier, Paris, 1883.
- (en) Coordonnées géographiques du Kef (Dateandtime.info).
- Gouvernorat du Kef (Portail de l'industrie tunisienne).
- « Données climatiques », sur meteo.tn (consulté le ).
- André Berthier, René Charlier et Jacques Juillet, « Le Bellum Jugurthinum de Salluste et le problème de Cirta », Revue de la Société archéologique de Constantine, tome 67, 1950-1951, 148 p., pl., cartes.
- Lionel R. Decramer, « Pour une identification en Tunisie du lieu de la défaite de Jugurtha, 1995 », Archéologia, n°312, 1995-05, p. 6-8.
- Lionel R. Decramer, « Le castellum de Salluste et la Table de Jugurtha, 1995 », Revue archéologique Sites, n°58-59, 1995-05, p. 4-17.
- Lionel R. Decramer, « L'énigme du Castellum de Salluste dans la Guerre de Jugurtha, 1996 », L'Information Historique, n°4, 1996-11, p. 141-148.
- Lionel R., Decramer, Chérif Ouasli et Alix Martin, « À propos de la Table de Jugurtha (Tunisie), 1999 », IBLA, n°183, 1999-01, p. 15-30.
- Lionel R. Decramer et Chérif Ouasli, « Nouvelles recherches sur le Bellum Iugurthinum, 2001 », IBLA, n°188, 2001-02, p. 131-159.
- Mohamed Tlili, Étendue et limites de la Numidie archaïque, thèse de doctorat, Paris, janvier 2008.
- Abdelouahab Bouchareb, Cirta ou le substratum urbain de Constantine, thèse de doctorat, Constantine, octobre 2006.
- Néji Jalloul, Les fortifications en Tunisie, éd. Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle, Tunis, 1999, p. 92.
- Sir Hamilton Alexander Rosskeen Gibb, Johannes Hendrik Kramers, Bernard Lewis, Charles Pellat et Joseph Schacht, The Encyclopaedia of Islam, vol. IV, éd. Brill, Leyde, 1954, p. 403.
- Nicole Grimaud, La politique extérieure de l'Algérie (1962-1978), éd. Karthala, Paris, 1984, p. 218-219.
- Histoire de la ville du Kef (Municipalité du Kef).
- [PDF] Le Kef à travers le recensement général de la population et de l'habitat 2014 (Institut national de la statistique).
- Sir Robert Lambert Playfair, Handbook for travellers in Algeria and Tunis, éd. John Murray, Londres, 1895.
- François Baratte, Féthi Béjaoui et Zeïneb Ben Abdallah, Recherches archéologiques à Haïdra : miscellanea, 2, éd. École française de Rome, Rome, 1999, p. 73.
- Charles Diehl, L'Afrique byzantine : histoire de la domination byzantine en Afrique. 533-709, éd. Franklin, New York, 1959, p. 422.
- Décret du 8 avril 2011 portant nomination de délégations spéciales dans certaines communes du territoire tunisien, Journal officiel de la République tunisienne, n°26, 15 avril 2011, p. 469-474.
- « Résultats préliminaires », sur isie.tn, (consulté le ).
- Coopération internationale (Municipalité du Kef).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Tahar Ayachi, El Kef, éd. Office national du tourisme tunisien, Tunis, 2007
- Émile Espérandieu, Étude sur Le Kef, éd. A. Barbier, Paris, 1889 (lire en ligne sur Gallica) L'ouvrage porte sur la période romaine.
- Abdelhamid Larguèche [sous la dir. de], Revoir El Kef, éd. MC-Editions, Carthage, 2005 (ISBN 9973807502)
- Camille Mifort, Vivre au Kef quand la Tunisie était française, éd. MC-Editions, Carthage, 2008 (ISBN 978-9973-807-76-2)
- Camille Mifort, Combattre au Kef en 1881 quand la Tunisie devint française, éd. MC-Editions, Carthage, 2014 (ISBN 978-9938-807-77-6)
- Cornelia Smet, Si ma grand-mère était Keffoise, éd. MC-Editions, Carthage, 2005 (ISBN 9973807553)
Liens externes
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- Site officiel
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site sur la ville du Kef
- Voyage archéologique et historique aux origines de l'ancienne Cirta
- (ar + en + fr) « Le Kef. Capitale numide », La Gazelle, n°56, avril-juin 2014, p. 62-68
- « Le mayou : de Cirta à El Kef », Le Temps, 27 mai 2007